Quand l’Iran s’éveille
A l’heure où les prix littéraires mettent à l’honneur des femmes d’origine diverses qui nous charment de leur littérature, il faut parler de « Quand l’Iran s’éveille » essai géopolitique de Mariam Pirzadeh, qui s’avale comme une pâtisserie orientale.
Si le bouquin s’absorbe comme une douceur à l’orange, tant la plume est fluide et facile, la description de cet Iran de l’intérieur laisse un gout bien plus amer. Mariam Pirzadeh journaliste française, correspondante à Téhéran depuis deux ans, nous livre un panorama complet de ce pays qu’elle vit de l’intérieur, qu’elle a appris à aimer malgré tout. Malgré les interdits, les contradictions incessantes entre un peu d’ouverture et une pression politique constante. Malgré les innombrables pas de danse d’une classe dirigeante qui tient encore le pays dans une main de fer, et qui à force d’avancer et de reculer dans la même gigue, laisse qui essaye de la suivre, ivre sur le bord de la piste, avec un grand tournis.
L’Iran est un pays qui laisse un goût amer dans la bouche des étrangers qui s’y installent, comme les premières tasses de café corsé que l’on boit par intérêt ou pour faire comme les grands, et puis qu’on finit par apprécier, mélange d’habitude et de de palais qui se forme. Economie, politique, culture, société, Mariam passe en revue toutes les facettes de l’Iran qu’elle côtoie, récit à la fois authentique et vivant, illustré de nombreuses anecdotes personnelles ou racontées. L’Iran, une succession sans fin de douches chaudes et de douches froides, un peu d’ouverture puis un retour en arrière. L’Iran, où une femme politique peut se faire élire à la tête d’un mouvement mais perdre son poste le lendemain pour avoir serré la main d’un homme en public. Où la police des mœurs veille jalousement à la longueur du manteau et la position du voile des femmes, mais où les centres commerciaux vendant les grandes marques occidentales pullulent et sont pris d’assaut. Où la culture se développe underground, puisqu’une femme ne peut toucher un homme sur une scène de théâtre, qu’elle ne peut chanter et encore moins danser, et le public non plus d’ailleurs, mais est mondialement reconnue et appréciée pour sa richesse.
L’Iran-eldorado décrit dans les média occidentaux à la suite de la fin des sanctions en 2015 semble encore bien loin, les signatures précipitées de contrats mirobolants ont souvent été synonymes de déconvenues, comme pour rappeler que là-bas c’est l’Iran, pays millénaire, manifestement prêt à attendre un autre millénaire pour s’éveiller totalement.
Quand l’Iran s’éveille – Mariam Pizardeh – Editions de La Martinière
L’iran va faire le renversement de rgime terroriste des ayatolah 2017/18