The All Sizes Catwalk
Elles défilent en lingerie au pied de la Tour Eiffel à Paris pour défier le monde de la mode et le diktat du « corps parfait ».
Des seins menus ou une poitrine généreuse, des hanches marquées, des cuisses rondes, du ventre… tout ceci ne correspond pas à la définition du « corps parfait » qui n’existe en réalité que sur les pages en papier glacé des magazines de mode, aux photos arrangées, voire retouchées, de quelques mannequins qui ne répondent en général qu’à un seul critère : la fameuse taille « 36 mannequin ». Des défilés aux affiches publicitaires, les marques imposent une référence quasi imaginaire dans la tête des femmes et le regard des hommes.
Emmenées par un collectif de sept mannequins grande taille, du nom de The All Sizes Catwalk, une quarantaine de femmes aux morphologies différentes ont défilé ce matin à Paris sur le parvis du Trocadéro, malgré la pluie et le froid, pour réclamer des podiums qui leur ressemblent.
Des petites, des grandes, des rondes, des sveltes, à la peau blanche, noire, cuivrée, le seul critère de sélection exigé par le collectif emmené par Georgia Stein: la diversité des morphologies, de l’âge et des origines, afin de représenter celles qu’on ne voit jamais sur les podiums. De 18 à 45 ans, de la taille 32 à 52, elles défilent pour bousculer le monde de la mode et promouvoir l’acceptation de soi. «Par ce défilé, nous voulons montrer à toutes ces marques que les gens ont besoin de voir une entière variété de physiques, que ça leur fait du bien de se sentir représentés » , confie Georgia Stein, mannequin et l’hôtesse de l’air de profession, au Hufftington Post. L’image des femmes telle qu’elle est diffusée dans la publicité a entravé l’estime de soi de nombreuses personnes, selon elle. Celle-ci veut leur redonner confiance. « Mesdames, vous êtes belles, lance la mannequin. Arrêtez de regarder tous ces corps en photo. Tout est retouché. Ne vous comparez pas à ce qu’on vous montre. »
Et ça marche. Inspiré d’un défilé sauvage qui s’est tenu à Times Square en décembre 2017, son projet The All Sizes Catwalk lui vaut de nombreux retours positifs depuis sa création, il y a un peu plus d’un an. Elle pense qu’il y a beaucoup de choses à faire en France. « Alors qu’aux États-Unis il existe de nombreuses initiatives en matière de body-posivity, la France, elle, a du retard », regrette Georgia Stein.
En 2018, un premier défilé en pleine rue avait déjà eu lieu. Seulement neuf femmes y avaient participé, contre une quarantaine cette année. Mais l’objectif reste le même : imposer les formes comme une normalité. Comme l’assure Georgia Stein au micro de France Inter, «le problème en France, c’est que les femmes ne sont représentées que par des femmes magnifiques, qui font une taille 36, alors que les Françaises font en moyenne du 42».
Photos © Café Calva Thé à la Menthe