ana, Massah
Moi, Massah (français) – أنا ماسة (بالعربية) – I, Massah (English)
Moi, Massah
Massah. 4 ans.
Je m’appelle Massah. J’ai 8 ans. L’école est finie. Ça, c’est mon carnet secret. J’écris et je dessine dessus. L’école est détruite. On ne peut plus y aller. On n’y va plus. Je reste à la maison. Les grands parlent tout le temps. Parfois ils crient. Maman dit qu’on va partir bientôt. Je ne comprends pas très bien, mais si c’est comme les vacances l’été, alors c’est bien.
Mon prénom : Massah. Mon âge : 10 ans. Ce que je préfère : jouer au foot et les gâteaux de maman. Ce que je déteste : quand mon père s’énerve et dormir sous la tente quand il fait froid. Animal préféré : le tigre. Et aussi les colombes blanches élevées par Hamid. Animal détesté : les gros rats qui viennent manger les provisions. Couleur préférée : vert. Meilleure copine : Nura.
J’ai eu 11 ans. La semaine dernière, il y a eu une fête pour tous les enfants qui ont leur anniversaire ce mois-ci. Avec les gens de l’association, et c’était super. Il y avait plein de bonbons, des gâteaux, des ballons à gonfler. On a fait du maquillage, moi j’étais en tigre, bien sûr. Après on a dansé et j’ai bien ri avec les deux étrangers qui me prenaient les mains et me faisaient tourner. Un autre soir maman a fait des pâtisseries. Les gâteaux de maman, ce sont les meilleurs. Elle m’a donné un cadeau : un grand foulard, vert. C’est ma couleur préférée, il est très beau. Elle m’a montré comment attacher mes cheveux, puis le mettre autour. Elle m’a dit que maintenant je le porterai quand je sortirai. Je suis fière. Je suis comme toutes les dames du camp, j’ai un joli foulard sur les cheveux. Quand je vais jouer au foot, ça me gêne un peu. La dernière fois je l’ai enlevé. Quand maman m’a vu revenir à la tente sans rien sur la tête, elle a froncé les sourcils. Je lui ai dit que je l’avais enlevé pour jouer. Elle m’a dit que je ne devais jamais l’enlever dehors, elle disait « haram, haram… », même pour jouer au foot. Que maintenant j’étais grande et que je devais porter le foulard sur mes cheveux, même pour jouer au foot, que sinon, je n’irai plus au foot. J’aime trop aller au foot, alors j’ai promis à maman de le porter. Et puis je suis fière de ressembler à toutes les grandes filles du camp, qui ont de si jolis foulards. Moi j’ai juste mon foulard vert. J’en aurai d’autres plus tard. Mon nom est Massah.
Moi, Massah, j’ai douze ans et j’ai saigné aujourd’hui pour la première fois. J’avais mal au ventre hier soir, mais je n’ai rien dit. Je n’ai pas bien dormi cette nuit, mais je n’ai rien dit. Je n’ai rien dit non plus quand ce matin en me réveillant avant tout le monde, j’ai découvert mon pyjama taché de sang entre mes jambes. Je me suis levée sans bruit, j’ai essayé de frotter la tache laissée sur le matelas à même le sol, avec un chiffon que j’avais mouillé d’eau glacée, tirée du bidon dehors. Mais elle avait séché déjà. Alors j’ai nettoyé mon pyjama, je me suis habillée et j’ai mis l’eau à chauffer pour le thé. Bientôt le reste de la famille s’est réveillé. Maman d’abord, qui se lève et s’habille derrière le rideau sans un mot et me rejoins à la cuisine. Elle m’embrasse le front. Puis mon père, qui tousse et s’en va dehors pour pisser. Ma petite sœur ouvre les yeux, se retourne, et enfouie sa tête sous la maigre couverture. Il fait froid sous la tente. Souvent le poêle s’arrête dans la nuit, pas assez de pétrole. Alors le matin il fait aussi froid dedans que dehors. Et on fume dès qu’on ouvre la bouche. Mon père, lui, n’ouvre pas la bouche mais fume déjà, en toussant. Ma mère lui sert le thé. Il ne la regarde pas. Il ne me regarde pas non plus. Mon père, n’ose plus regarder sa famille depuis longtemps déjà. On dirait qu’il a honte. Honte de nous. Honte de cette tente. Honte de cette vie. Maman dit de ne pas y faire attention. Mais moi je le vois bien. Mon père, depuis qu’on est ici, ce n’est plus le même. J’ose à peine lui parler. A peine lui dire « Baba, raconte-moi une histoire ! » comme avant. Parce que rien n’est comme avant. Parce qu’avant, il me prenait sur ses genoux, me chatouillait les côtes et me racontait plein d’histoires. Des histoires qu’il inventait. Ou des histoires de son enfance quand je lui demandais « comment c’était, toi, quand tu avais mon âge ? ». Mon père il ne sourit plus, ne parle presque plus. Il dit qu’il a oublié, ou bien qu’il est fatigué. Et moi je ne lui demande plus. Après le thé, il sort de la tente en allumant une autre cigarette. Quand il n’y a pas de travail, il disparait comme ça, on ne sait où, presque toute la journée. Et ne reviens que pour le repas du soir. Parfois je le vois avec les autres papas, fumer la shisha derrière la tente du chaouiche. Parfois il n’y est pas et je ne sais pas où il est. Maman dit qu’il est à ses affaires. Mais c’est quoi ses affaires ?
En rangeant les matelas, maman a vu la tache de sang. Elle a souri. S’est retournée vers moi les yeux remplis de tendresse. J’étais contente qu’elle ne se fâche pas contre moi. Maman se fâche facilement, surtout depuis qu’on est ici. Elle ne dit rien. Et la journée se passe. Une journée ordinaire.
Ce soir-là, papa est rentré plus tôt que d’habitude. Maman lui sert le repas. Souvent il mange en premier et nous ensuite, avec ma petite sœur et maman. Mais ce soir, on est tous assis ensemble, et maman a préparé du bon riz, avec même une pâtisserie pour le dessert. Ce n’est pas souvent qu’il y a un dessert, on n’a pas toujours du sucre ici. Il se passe quelque chose. Ce soir mon père me regarde, avec fierté. Ce soir maman me regarde, avec tendresse. Après le dessert, un délicieux gâteau de maman, je sers le thé. Mon père me dit « assied toi, ya Massah ». Il me regarde, et il me parle. Je m’en souviens, ce soir-là, sa voix était douce malgré la cigarette. Et il régnait une atmosphère inhabituelle, un peu joyeuse, grâce à la bonne pâtisserie de maman. Ma sœur était déjà sous sa couverture et luttait pour ne pas s’endormir. Massah, tu as saigné, me dis maman, c’est un grand jour. Tu es une femme maintenant me dis mon père, plus une petite fille. Je suis fier de toi ! Bientôt tu auras un homme et tu auras des enfants à ton tour. Je ne suis pas sûre de bien comprendre. J’attends la suite. Mais il n’y a pas de suite. Un grand silence. Mes parents se regardent, avec complicité.
Cela fait si longtemps que je n’avais pas vu les yeux de mon père fixer ma mère. Le temps s’étire. Mon père aussi, en baillant. Puis il reprend la parole, d’une voix plus ferme. Maintenant que je suis « femme », il y a des choses que je dois faire, dit-il, et d’autre que je ne dois plus faire. C’est un coup sur la tête que je reçois. Je ne m’en rends pas compte toute de suite. Je ne dois plus trainer dans le camp. Je ne dois plus voir les garçons. « Voir » n’est pas le bon mot, je ne dois plus leur adresser la parole, ni même leur répondre sans que ma mère ou mon père ne me le dise. L’école, le foot, le foot ? Je sursaute. Quoi ? Je n’irai plus. Ce n’est plus de mon âge et de mon statut de femme. A présent, je dois apprendre à devenir une bonne épouse. Je dois rester avec maman à la tente, l’aider dans ses tâches. Maman me dit que bientôt je saurais préparer les repas mieux qu’elle. Alors c’est comme ça ? Je ne dis rien, abasourdie. Alors c’est comme ça, hier je jouais au foot en rentrant de la classe, insouciante, sans me préoccuper des rires niais des garçons, et aujourd’hui, à cause de cette vilaine tache de sang sur le matelas, c’est fini. Mais c’est quoi le rapport ? Je ne comprends pas. Je m’en veux. Je suis triste toute à l’intérieure. Mais pourquoi j’ai saigné, pourquoi ? Ça veut dire quoi ? Mon père me fait signe d’aller me coucher. Je me déshabille, honteuse, me glisse sous la couverture, leur tourne le dos et pleure sans bruit mon enfance perdue.
Moi, Massah, j’ai eu 14 ans cette année. Il s’est passé beaucoup de choses, alors je veux les écrire pour m’en souvenir. Un soir, mon père m’a raconté notre histoire. Parce que je ne me souviens pas bien d’avant. Je me souviens du voyage dans le minibus, l’arrivée ici. Ici, c’est le Liban, mais ce n’est pas très différent d’avant je crois. Sauf qu’on n’a plus de maison, ici on est dans la tente dans un camp, en attendant que la guerre soit finie et qu’on puisse rentrer chez nous. Mon père m’a raconté. Il est retourné là-bas, mais il est revenu au bout d’une semaine à peine. Il dit que là-bas ce n’est plus comme avant. Notre appartement, celui qu’on habitait, et tous les autres de l’immeuble, on ne peut plus y retourner. Une bombe a dû tomber sur l’immeuble, il s’est écroulé. Mon père dit que c’est trop tôt pour rentrer en Syrie, qu’on doit rester encore ici un moment. Qu’il n’y a pas de travail pour lui là-bas. Et aussi qu’il y a encore la guerre dans des quartiers entre les gens, et toujours pas d’école. Il est revenu, et on a tous été déçus. Il m’a raconté comment c’était avant, le petit appartement qu’ils louaient avec maman, ma naissance et ma chambre d’enfant. Que j’avais commencé à aller à l’école, d’abord au jardin d’enfants, d’où je revenais avec des dessins et des chansons. Celle que je chantais tout le temps c’était « tik tik tik ya um Sleyman », et je faisais les gestes en même temps, en riant. Quand la guerre est arrivée dans le quartier, les écoles ont fermé, on ne pouvait pratiquement pas sortir parce que ça tirait de partout. On pouvait mourir comme ça, d’une balle de fusil qui venait d’on ne sait où, juste en allant acheter le pain. La vie était devenue impossible, alors on est parti un matin très tôt, pour s’installer ici, au Liban, dans le camp. Qu’ici ce n’était pas une vie aussi belle qu’avant, mais au moins on est en sécurité.
Ce soir-là aussi, après que ma petite sœur soit endormie, maman est venue s’asseoir à côté de mon père, et ils m’ont annoncé mon mariage. Mon père a sorti une photo de sa poche intérieure, et m’a dit : c’est lui, il s’appelle Ahmad. C’est le fils d’un cousin de maman. Maman a l’air contente. Moi je le trouve beau sur la photo. Il a des cheveux bruns bouclés, une barbe naissante et surtout les yeux bleus. Mon père m’a dit qu’il était en Turquie à présent, avec une partie de sa famille, et qu’il travaillait là-bas. Mais ils se sont parlé avec son père, et tout est arrangé. Dans un petit moment le mariage sera prononcé et Ahmad viendra s’installer ici. Mon père ne voulait pas me laisser partir en Turquie. On a accroché la photo sur le mur en bois de la tente, au-dessus de mon matelas. Je l’ai regardée longtemps ce soir-là avant de m’endormir, à la lumière vacillante du poêle à pétrole, alors que maman et mon père parlaient encore à voix basse. J’ai rêvé d’Ahmad ce soir-là, de mon beau mari, de ses yeux bleus. Je crois que je serai heureuse avec lui et que je pourrai convaincre mon père de me laisser partir en Turquie avec lui.
J’ai 15 ans et je m’appelle Massah. Je suis mariée, mais mon mari aux yeux bleus est reparti. Après l’hiver les beaux jours sont revenus et mon mari avec eux. Il est arrivé un matin avec un sac d’affaires, seul. Maman l’a pris dans ses bras, lui a dit qu’il avait tant grandi qu’elle ne le reconnaissait plus. Moi je l’ai reconnu au premier regard. Mon père l’a embrassé. Les enfants du camp arrivaient en roucoulant comme des pigeons autour d’un quignon de pain, curieux de savoir qui était cet étranger. Ce n’est pas un étranger, c’est mon mari. Maman pleurait doucement, moi je suis resté dans l’entrée de la tente. Mon mariage avait été prononcé par l’imam un peu avant, et mon mari était arrivé. Il n’était pas aussi beau que sur la photo, sa barbe était plus longue et il était plus petit que dans mes rêves. Mais il doit être fatigué du voyage, c’est pour ça. Il vient de loin, de Turquie. Mon père le fait entrer. Ahmad me salue d’un signe de tête. Je pensais qu’il m’aurait pris dans ses bras et embrassé, comme dans les films Indiens ou Egyptiens, quand la musique s’emballe et que les amoureux dansent en tournoyant. Plus tard, j’imagine. Les hommes doivent prendre le thé et parler. Je vais faire chauffer l’eau. Mon père et Ahmad s’assoient, puis d’autres hommes entrent s’asseoir avec eux. Le chef du camp est là. Ils parlent en souriant. Maman s’affaire dans la cuisine, elle me bouscule. Vite Massah, me dit-elle, va servir le thé. Les hommes fument en buvant le thé à petites gorgées. Parfois il y a des silences, parfois des éclats de rire. J’ajuste mon foulard, et met ma belle veste rouge. Quand j’apporte le plateau, je jette des coups d’œil furtifs à Ahmad. Il est là, enfin. M’emmènera-t-il avec lui en Turquie ? Maman m’appelle. On va préparer un grand repas pour l’arrivée d’Ahmad et fêter le mariage. Je dois aller chez les voisins demander du sucre, et du riz. J’apporte le hummus qu’une voisine vient de nous donner, avec du pain frais. Ahmad me regarde, enfin. Il me dévisage, me détaille, il a l’air satisfait, alors il me sourit. Je suis aux anges.
La journée se passe ainsi, à manger, parler, boire le thé pour les hommes. Les femmes, dans la cuisine, ont tout préparé en gloussant. Souvent elles me pincent ou me font des clins d’œil. Je n’aime pas trop ça, mais ne dit rien. Quand tout le monde est parti, Ahmad a fait la sieste en ronflant doucement. Mon père a accroché une grande tenture en travers de la chambre, et a installé mon matelas et celui de ma petite sœur derrière ce rideau. Il m’a dit que c’était ma chambre maintenant avec Ahmad. Maman m’a pris à part. Elle m’explique que ce soir et les jours d’après, je dormirai là avec Ahmad, et que je devais être une bonne épouse, ne pas avoir peur de lui, et faire ce qu’il me dirait. Je n’ai pas peur, et je serai une bonne épouse.
Ahmad est resté avec nous plusieurs semaines. Le plus souvent il partait la journée avec mon père et rentrait le soir avec lui. Parfois il restait près de la tente, il avait l’air de s’ennuyer. Il n’avait pas coupé sa barbe et ses cheveux étaient sales le plus souvent. Dans le camp ce n’est pas facile de se laver. Il avait tout de même gardé ses beaux yeux bleus de la photo. Je pensais aux films que j’avais vus, et avec Ahmad, ce n’était pas vraiment pareil. Il ne me prenait pas dans ses bras le soir en caressant mon visage pour regarder le soleil se coucher derrière la montagne. Mais sans doute qu’on ne fait pas ce genre de chose chez nous. Le soir, je dois l’attendre pour dormir, ou bien sinon il me réveille. C’est à ce moment-là qu’il m’embrasse, un peu. Sa barbe me pique et j’ai l’impression qu’il me mord plus qu’il n’embrasse mes lèvres. Mais je le laisse faire. Il se couche nu sur moi et soulève mon pyjama, avec ses mains sur moi il me pénètre en grognant un peu. Il ne dit rien, alors moi non plus. Seule la première fois, il m’avait passé la main dans les cheveux en me disant de ne pas avoir peur. Je devais saigner la première fois, mais ce n’est pas venu tout de suite. Alors Ahmad a continué plus fort, et ça me faisait mal. Il regardait de temps en temps si je saignais. Ne voyant rien, il reprenait de plus en plus fort. Je retenais mes larmes, les yeux fermés. Quand quelques gouttes de sang sont apparues, il a eu l’air satisfait. Il a continué un moment et j’ai senti quelque chose de chaud et visqueux couler de mon sexe entre mes cuisses. Je n’étais plus vierge, j’avais un mari. La vie n’est pas comme dans un vieux film Egyptien en noir et blanc.
Ahmad est resté 4 ou 5 mois dans le camp. Les journées se ressemblaient. Je suis tombée enceinte et Ahmad est reparti en Turquie. Il y avait eu des discussions avec mon père. Maman était contente que je sois enceinte, elle prenait soin de moi comme jamais, me dispensait d’aller chercher de l’eau ou de porter des charges trop lourdes. J’en profitais pour regarder la télé. Quand les films ou les séries indiennes passait, rien ne pouvait m’y arracher. Ahmad téléphonais tout le temps en Turquie et s’énervait. Puis il est parti, sans un mot ou une caresse pour moi, disant à mon père qu’il reviendrait avant la naissance pour s’installer ici.
Moi, Massah, j’ai seize ans. Le mois dernier mon bébé est né. Il est si beau. Mon mari est revenu avant la naissance. Il avait changé. Pas sa barbe ou ses cheveux. Mais ses yeux et ses gestes. Plus maigre qu’avant, et très agité. Il ne montrait plus le même respect pour mon père que quand il était arrivé, la première fois. Souvent ils se disputaient et criaient. Alors il sortait de la tente, fumait une cigarette dehors et disparaissait pour ne revenir qu’au milieu de la nuit. Il sentait fort l’alcool et parfois le mauvais parfum. Il se couchait en me bousculant et dormait jusque tard le matin. Maman était triste. Moi je ne disais rien. Même quand il me prenait, rarement, la nuit quand il rentrait, et qu’il me disait que je ne valais pas les filles en Turquie mais j’étais sa femme. Je ne voulais pas, car j’avais peur que ça fasse du mal au bébé et ce n’était pas agréable avec mon gros ventre, mais il me disait que j’étais sa femme et que rien ne pouvait m’arriver avec lui. Il disait qu’on allait appeler l’enfant Hassan, comme son père à lui. Ce serait un garçon. Ahmad est reparti peu avant la naissance. Il m’a dit qu’il reviendrait pour baptiser son garçon et qu’on repartirait ensemble en Turquie, et que ma vie sera bien plus belle là-bas.
Moi, Massah, j’ai 30 ans, pile aujourd’hui. Je ne sais pas pourquoi, aujourd’hui, j’ai décidé de ranger des vieilles affaires, entassées au fond du placard de ma chambre depuis des années. Je retrouve ce carnet et ce qui j’y avais écrit. Je le relis avec émotion. C’était bien comme j’écrivais. J’ai arrêté après la naissance, trop occupée avec mon bébé. L’enfant est née, c’était une fille, Ahmad n’est jamais revenu. Et j’ai oublié. Plus tard, on est rentrés à Damas, installés dans un petit appartement un peu loin du centre et du marché. Mon père n’a jamais retrouvé son regard d’avant et son sourire. Il est mort. Je ne sais pas de quoi. De fatigue. Ou de tristesse. Ma fille grandit, elle est belle. Je reste avec maman. Ma petite sœur s’est mariée, elle est partie. C’est bien. On fait des pâtisseries, avec maman. Elle a encore la main. On a toujours plein de commandes, pour des mariages, des fêtes. Elle ne voit plus très bien, mais je suis là. C’était bien d’écrire comme ça, dans le carnet de temps en temps. Mais je n’ai plus trop envie maintenant. Il n’y a plus d’homme en Syrie, encore moins d’un homme qui voudrait de moi, une mère seule avec sa maman et sa fille. Alors je reste là. Et ça va, on se débrouille. Je ne me souviens pas bien de la vie d’avant, en Syrie. Je me souviens surtout du camp, après, de tous ces déménagements. Alors, je me dis qu’ici, maintenant ça va. Et que ça ira mieux pour ma fille, Insha’Allah. Elle est belle, elle est douée à l’école. Mais je n’écrirai plus sur le carnet. Je le montrerai peut-être un jour à ma fille, et lui donnerai. On verra.
Massah existe, je l’ai rencontrée. C’était un matin brumeux de janvier dernier, il faisait froid. Les enfants étaient emmitouflés dans leurs parkas d’hiver, bonnets sur la tête. Moi aussi. Dans la classe aménagée dans un conteneur de 14 pouces, en lisière de ce petit camp de tentes dans vallée de la Bekaa au Liban, les enfants avaient la chance de pouvoir, chaque matin, apprendre à lire, à écrire mais aussi à dessiner et chanter. J’étais là, pour quelques jours. Massah est une petite fille de 4 ans au regard pétillant et vif. Une enfant. Elle m’a adopté au premier regard, avant même que je ne m’en rende compte. Sourire, signe de la main. Je m’assois à côté d’elle sur le petit banc d’écolier, je lui fais répéter les lettres de l’alphabet, fier de pouvoir reconnaitre et prononcer les lettres arabes en même temps qu’elle. Elle m’a pris la main pour ne plus la lâcher de la matinée. Je me laisse adopter, conquérir. Elle dessine. Se dessine. Me dessine à côté. Je fonds, évidemment. On rit. A cet âge, quelques mots d’arabe prononcés maladroitement, un sourire, des signes de main, des pitreries et des dessins suffisent à enchanter le temps.
Massah existe, elle a 4 ans. Cette histoire n’est pas la sienne. Pas exactement. C’est l’histoire d’une autre Massah, un peu imaginaire, un peu comme elle, pas tout à fait. Celle des réfugiés de guerre du monde entier. C’est une histoire triste, mais tellement banale, qu’on ne peut pas dire qu’elle soit dramatique. Ce sera peut-être la sienne, un peu.
نا ماسة
ماسة. ٤ أعوام
أنا ماسة. عمري ٨ أعوام. انتهت المدرسة، هذه كراسة اسراري. أكتب وأرسم عليها. دُمرت مدرستي. لم يعد بأستطاعتي الذهاب إلى هناك. لن نذهب إلى هناك بعد الأن. سأجلس في المنزل. يتحدث الكبار طوال الوقت. ويصرخون في بعض الأحيان. تقول أمي أننا سنغادر قريباً. لم أفهم جيداً ما تعنيه ولكن إذا كان ذلك مثل العطلة الصيفية إذاً فمن الجميل أن نغادر.
إسمي: ماسة. عمري ١٠ أعوام. الأشياء المفضلة لدي هي: اللعب بكرة القدم والكعكات التي تصنعها أمي. الأشياء التي أكرهها هي: عندما ينفعل أبي وعندما أنام تحت الخيمة بينما يكون الجو بارد. الحيوان المفضل لدي هو: النمر. وأيضاً الحمامات البيضاء التي يربيها حامد. الحيوان الذي أكرهه هو: الفئران الكبيرة التي تأكل المؤونة. اللون المفضل لدي هو الأخضر. صديقتي المقربة هي نورا.
بلغت الحادية عشر الأسبوع الماضي. كان هناك احتفال لكل الأطفال الذين صادف يوم ميلادهم في هذا الشهر. أقام الأحتفال موظفي المنظمة وكان ذلك رائعاً جداً. كان هناك الكثير من الحلويات والكعك والبالونات التي تنفخ. قمنا بوضع المكياج على وجوهنا وبالطبع أنا وضعت مكياج النمر. ومن ثم رقصنا. ضحكت كثيرا مع الأجنبيين الذين كانا يأخُذاني من يدي ويدورا بي. وفي مساء آخر حضرت أمي الحلوى. كعكات أمي هي الألذ. أعطتني أمي هدية وكانت خماراً أخضراً كبير. هذا لوني المفضل وكان الخمار جميلاً جداً. علمتني أمي كيف أضعه على شعري وحول جسدي. قالت لي: حان الوقت لتضعيه عندما تكوني خارج الخيمة. كُنت فخورة بنفسي. أصبحت كبقية سيدات المخيم، لدي خمار جميل على شعري. يضايقني قليلاً عندما أذهب للعب كرة القدم. في المرة الأخيرة خلعته. عندما رأتني أمي فور دخولي إلى الخيمة من دون خمار على رأسي، رفعت حاجبيها. قُلت لها أني خلعته لكي ألعب. ردت على بأنه يجب أن لا أخلعه أبداً عندما أكون خارج الخيمة، كانت تردد ”حرام، حرام…“ حتى عند لعب الكرة. كانت تقول أنني كبرت الأن ويجب أن اضع خمار على رأسي طوال الوقت حتى عند لعب الكرة والا سوف تحرمني من اللعب. أحب لعب كرة القدم كثيراً، لهذا وعدت أمي بأن أضع الخمار. وكنت أيضاً فخورة لأني أصبحت أشبه الفتيات الكبار في المخيم، اللاتي يضعن خمارات جميلة. أنا لدي خماري الأخضر فقط. وسيكون لدي أخريات في وقت لاحق. أنا أدعى ماسة.
أنا ماسة، عمري ١٢ عاماً. لقد نزفت اليوم لأول مرة. كان لدي ألم شديد في ظهري مساء البارحة ولكني لم أتفوه بكلمة. لم أنم جيداً ليلة البارحة ولكني لم أتفوه بكلمة. ولم أقل شيء عندما استيقظت هذا الصباح قبل الجميع وأكتشفت بقعة دم على بدلة نومي بين أرجلي. نهضت دون أن أحدث ضجة وحاولت أن أفرك البقعة الموجودة على الفراش وتلك الموجودة على الأرض أستعملت قطعة قماش وماء متجمد أخرجته من الصفيحة الموجودة في الخارج. ولكن البقعة كانت قد نشفت أساساً. لهذا نظفت بدلة نومي ووضعت ملابسي وذهبت لأسخن الماء من أجل الشاي. لأن بقية الأسرة ستستيقظ بعد قليل. أمي تستيقظ أولا وتلبس وراء الستارة في هدوء ومن ثم تنضم إلي في المطبخ وتضع قبلة على مقدمة رأسي. من ثم يستيقظ أبي ويسعل ثم يخرج ليبول في الخارج. تفتح أختي الصغيرة عيناها وتنقلب إلى الجهة الأخرى وتغطي رأسها تحت الغطاء الصغير. الجو بارد داخل الخيمة. يتوقف جهاز التدفئة كثيراً في الليل لأنه لايوجد ما يكفي من البترول. لهذا في الصباح يكون الجو بارداً داخل الخيمة وخارجها. ويخرج الدخان من أفواهنا عندما نفتحها. أبي لا يفتح فمه ولكن الدخان يخرج منه عندما يسعل. تعطيه أمي الشاي. لا ينظر اليها ولا إلي. أبي، لم يعد يجرؤ على النظر إلى أسرته منذ وقت طويل. يمكن أن نقول أنه يخجل. يخجل منا. يخجل من هذه الخيمة. يخجل من هذه الحياة. أمي تقول بأن لانعير ذلك أهتماماً. ولكن أنا أرى ذلك بوضوح. أبي، منذ أن انتقلنا إلى هنا لم يعد كما كان في السابق. لم أعد أجرؤ أن أتحدث إليه. لم أعد أجرؤ أن أقول له: ”أبي، أحكي لي شي حكاية!“ كما كنت أفعل في السابق. لأنه لم يظل شيء على حاله. في الماضي كان أبي يضعني على ركبتيه ويدغدغني على جانبي ويحكي لي حكايات. حكايات كان يؤلفها وآخرى عن طفولته عندما كنت أسأله ”كيف كنت لما كنت صغير بابا؟“ أختفت إبتسامة أبي وقل حديثه. يقول أنه نسى أو أنه مرهق. وأنا لم أعد أطرح عليه أسئلة. بعد الشاي، يخرج أبي من الخيمة مشعلاً سيجارة آخرى. عندما لايتوفر العمل يختفي ولا نعرف مكانه طوال اليوم. ولا يرجع الا لتناول العشاء. في بعض الأحيان أراه مع الأباء الأخرين يدخن الشيشة وراء خيمة الشاويش. وفي أحيان أخرى لايكون هناك ولا أعرف أين هو. قالت أمي أن لديه أعمال. ولكن ماهي أعماله هذه؟
عندما رتبت أمي الفراش، رأت بقعة الدم. إبتسمت واتجهت نحوي وعيناه ملئتان بالحنان. كنت سعيدة بأنها لم تغضب. تغضب أمي بسهولة، خصوصاً منذ أن أنتقلنا إلى هنا. لم تتفوه بكلمة ومر اليوم كأي يوم عادي.
في ذلك المساء رجع أبي باكراً على غير عادته. جهزت له أمي الطعام ووضعته أمامه. في العادة يأكل هو أولاً ومن ثم نحن. ولكن في ذلك المساء جلسنا كلنا معاً وحضرت أمي رزاً لذيذاً وبعض الحلوى. ليس من المعتاد أن يكون لدينا حلوى بعد الطعام لأنه لايوجد لدينا سكر في أغلب الأحيان. في ذلك المساء كان أبي ينظر بفخر وكانت أمي تنظر إلي بحنان. بعد الكعك اللذيذ الذي قامت أمي بتحضريه، أحضرت أنا الشاي. وقال لي أبي بأن أجلس ونظر إلي وحدثني. أتذكر في ذلك المساء صوته الدافئ بالرغم من وجود السيجارة. وسيطر على الجو شيء غير اعتيادي، فرح طفيف بالرغم من حلوى أمي. استلقت أختي تحت غطاءها ولكنها حاولت مقاومة النوم. قالت أمي ماسة لقد نزفتِ اليوم وهذه مناسبة مهمة جداً. قال أبي لقد أصبحتي إمرآة لم تعودي بنتاً صغيرة. أنا فخور بك! سيصبح لديك زوج وأطفال قريباً. لم أكن متأكدة ما إذا كنتا قد فهمت جيداً الحديث. فأنتظرت البقية. ولكن لم يكن هناك بقية. صمت طويل. كان والداي ينظران إلى بعضهما.
مر وقت طويل منذ أخر مرة رأيت فيها أبي ينظر إلى أمي مطولاً. تمدد أبي وهو يتثأب. وأسترسل قائلاً بصوت حازم أني الأن ”إمرأة“ وهناك أشياء يجب أن أفعلها وأخرى يجب أن أتركها. أحسست بأن أحدهم ضربني على رأسي. ضربة لم أحس بها الا بعد زمن. من الأن فصاعداً يجب أن لا أتمشى في المخيم، يجب أن لا أرى الصبية، ”أرى“ ليست الكلمة المناسبة، يجب أن لا أحدثهم أبداً ولا أن أرد على كلامهم بدون أن يطلب مني ذلك أبي أو أمي. يجب أن لا أذهب إلى المدرسة وأن لا ألعب كرة القدم. كرة القدم؟ قفزت فزعاً. ماذا؟ لن ألعب مجدداً. لا لم يعد لدي عمري مناسب مع من يلعبون كرة القدم ولم يعد وضعي كأمرأة يسمح لي بذلك. منذ الأن فصاعداً، يجب أن أتعلم صفات الزوجة الحسنة. يجب أن أبقى مع أمي في الخيمة وأن أساعدها في القيام بأعمال المنزل. قالت لي أمي أني سأتعلم قريباً تحضير الطعام أفضل منها. إذا فهو كذلك؟
لم أتفوه بكلمة بسبب صدمتي. إذا فهذا هو الوضع الجديد، البارحة كنتا ألعب الكرة عند عودتي من الصف ولم أكن مهتمة بضحكات الصبية السخيفة واليوم بسبب هذه البقعة الشريرة على فراشي، انتهى كل شيء. ولكن ما هو الرابط؟ لا أفهم. أنا أكره نفسي. أنا حزينة تماماً من الداخل. ولكن لماذا نزفت؟ لماذا؟ ماذا يعني ذلك؟ لوح لي أبي بأن أذهب إلى فراشي. خلعت ملابسي خجلة وانزلقت تحت غطائي وأعطيتهم ظهري وبكيت طفولتي الضائعة في هدوء.
أنا ماسة، بلغت هذا العام ١٤ عاماً. حدث كثير من الأشياء، ولهذا أردت أن أدونها لكي أتذكرها. في مساءٍ ما، حكى لي أبي قصتنا. لأني لا أستطيع تذكر ماحدث في الماضي. أتذكر رحلة الحافلة ووصولنا إلى هنا. هنا لبنان. لا أعتقد أنه ليس هناك فرق كبير بين حياتنا السابقة وهذه. ولكن كان لدينا منزل في الماضي. هنا نعيش في خيمة داخل مخيم في انتظار توقف الحرب للرجوع إلى منطقتنا. أبي حكى لي. لقد ذهب إلى هناك ولكن رجع بعد إسبوع لا أكثر. قال أن الوضع لم يعد كما كان من قبل. لم يعد بإمكاننا العودة إلى الشقة التي كنا نقطنها، بل المبنى كاملاً فقد سقطت عليه قنبلة وانهار تماماً. قال أبي أن هناك وقت طويل قبل أن نتمكن من العودة إلى سوريا، قال أننا يجب أن نبقى هنا لبعض الوقت. قال بأنه لن يجد عملاً هناك. وقال أن الحرب لا تزال قائمة في حينا بين الجماعات وقال أنه لا توجد مدرسة حتى الأن. رجع أبي إلينا وأحبطنا جميعاً. حكى لي أبي بحكايتنا في الماضي، الشقة الصغيرة التي كان يستأجرانها هو وأمي وحكى لي أبي عن ولادتي وعن الغرفة التي قضيت فيها طفولتي. حكى لي بآنني كنت قد بدأت الذهاب إلى المدرسة وأني في البداية ذهبت إلى الروضة وكنت أعود برسومات وأغانٍ كثيرة. ولكن تلك التي كنت أرددها طوال الوقت كانت ”تك تك يا أمُ سليمان“ وأني كنت أصحبُ ترديدها بحركاتٍ يدوية وضحكات بريئة. ومن ثم قال لي بأن الحرب وصلت إلى حينا وأغلقت المدرسة ولم نعد نستطع الخروج لأن اطلاق النار كان مستمراً.كنا مهددين بالقتل بطلقاً ناري من بندقية أو أي سلاح آخر في حال ذهبنا لشراء الخبز. أصبحت الحياة مستحيلة فغادرنا في صباحاً باكر لكي نستقر هنا في لبنان داخل هذا المخيم. حكى لي أبي أن حياتنا هنا ليست أجمل من حياتنا السابقة ولكن على الأقل نحن في أمان هنا.
في ذات المساء، بعد أن نامت أختي الصغيرة، جلست أمي بجوار أبي وأعلنا لي عن زواجي. أخرج أبي صورة من جيبه الداخلي وقال لي: ”هيدا هو، اسمه أحمد. هو بكون قريبها لأمك“ بدت أمي سعيدة. أحمد وسيم جداً، شعره بني مجعد ولديه ذقن خفيف وعينان زرقاوتان. قال لي أبي أنه يقطن مع أسرته في تركيا وأنه يعمل هناك. وأنه تحدث مع أبي عن الترتيبات وكل شيء جاهز. سنقيم زواج صغير لإعلان زواجنا وسنستقر هنا. لم يرد أبي أن أذهب إلى تركيا. علقنا صورة أحمد على الجدار الخشبي لخيمتنا فوق فراشي. في ذلك المساء، نظرت اليه مطولاً قبل أن أنام، بالرغم من الضوء الخافت. بينما جلس أبي وأمي ليواصلا حديثهما بصوت منخفض. حلمت بأحمد في ذلك المساء زوجي الوسيم وعيناه الزرقاوتان. أعتقد أني سأكون سعيدة معه وأنني سأتمكن من إقناع أبي بتركي أغادر إلى تركيا مع أحمد.
عمري ١٥ عاماً وإسمي ماسة. أنا متزوجة ولكن زوجي ذو العينان الزرقاوتان لم يأتي بعد. بعد الشتاء عادت الأيام الجميلة وعاد زوجي معها. وصل زوجي هذا الصباح ومعه حقيبته. وصل وحيداً. أخذته أمي بين ذراعيها وقالت: ”كتير كبرت والله ما عرفتك يا أبني.“ عانقه أبي. كان أطفال الحي يتهافتون حوله كحماماً حول فتات خبز. كانوا يتسائلون من هذا الغريب. هو ليس غريباً. إنه زوجي. بكت أمي في هدوء بينما جلستُ أنا في مدخل الخيمة. أتم الأمام عقد القران قبل وصول زوجي بأيام والأن أتى زوجي. لم يكن وسيماً كما في الصورة. كان ذقنه أطول وكان أقصر مما كان عليه في أحلامي. ولكن من المحتمل أن يكون مرهقاً من السفر فقد جاء من بعيد، من تركيا. أدخله أبي إلى الخيمة. وسلم علي أحمد بتحريك رأسه. كنت أعتقد أنه سوف يأخذني بين ذراعيه ويقبلني كما يحدث في الأفلام الهندية والمصرية عند تبدأ الموسيقى ويبدأ العشاق في الرقص. ربما سيحدث ذلك في وقت لاحق. يجب أن يشرب الرجال الشاي ويتبادلوا الحديث. لأسخن الماء إذاً. جلس أبي وأحمد ومن ثم دخل رجال آخرون وجلسوا. كان مدير المخيم موجوداً. كان يتحدث مبتسماً. كانت أمي تعمل في المطبخ في ذلك الوقت وتفاجأت بها تدفعني وتقول لي: ”لك روحي ماسة صبي لهم الشاي.“ كان الرجال يدخنون وهم يشربون الشاي على جرعات صغيرة. في بعض الأحيان يعم الصمت وفي أوقات تنفجر الضحكات. عدلتُ خماري ووضعت بدلتي الحمراء. عند أحضاري لطبق الشاي، نظرت بسرعة إلى أحمد. لقد وصل أخيراً. هل سيأخذني معه إلى تركيا؟ نادتني أمي. سنحضر معاً وليمة كبيرة بمناسبة وصول أحمد والاحتفال بزواجنا. يجب أن أذهب لطلب بعض السكر والأرز من الجيران. أحضرت بعض من الحمص أعطتني أياه أحدى جاراتنا ومعه خبزاً طازج. نظر إلي أحمد أخيراً. حدق بي ونظر إلى كل تفصيلة في جسدي. يبدو أنه راضي عن شكلي فقد ابتسم لي. أنا مسرورة جداً.
مر اليوم والرجال يأكلون ويشربون الشاي ويتبادلون أطراف الحديث. بينما تحضر النساء الطعام متغنيات بصوت خفيف. كن يقرصننِ في بعض الأحيان ويغمزن لي. لا أحب هذا الجو كثيراً ولكن لا أعارض أبداً. عندما غادر الجميع، أخذ أحمد قيلولة وكان يشخر قليلاً. علق أبي ستارة على طول الخيمة ووضع وراها فراشي وفراش أختي الصغيرة ثم قال لي هذه غرفتكِ أنتِ وأحمد. أخذتني أمي جانباً. وشرحت لي أنه منذ اليوم وصاعداً سأنام بجانب أحمد وأنني يجب أن أكون زوجة مطيعة وأن لا أخاف من أحمد وأفعل ما يقوله لي. لست خائفة وسأكون زوجة مطيعة.
بقي أحمد معنا لبضع أسابيع. في أغلب الأحيان كان يخرج مع أبي ويرجع معه في المساء. أحياناً يبقى قريباً من الخيمة. أعتقد أنه يحس بالملل. لم يحلق ذقنه أبداً وكان شعره متسخ طوال الوقت فليس سهلاً أن نستحم في هذا المخيم. ولكن ما زال أحمد يحتفظ بعيناه الزرقاوتان كما في الصورة. كنت دائماً ما أفكر في الافلام التي شاهدتها، فما يحدث مع أحمد لايشبهها أبداً. لم يكن يأخذني بين ذراعيه في المساء ولا يتلمس وجهي بحنان بينما ننظر إلى غروب الشمس وراء الجبل. ولكن بكل تأكيد هذه الأشياء لا يمكن أن تحدث هنا. في المساء، يجب أن أنتظره قبل أن أنام وإذا نمت يوقظني هو. وفي تلك اللحظة يقبلني قليلا. ذقنه يوخزني وأحس أنه يعض شفتاي أكثر من أن يقبلهما. يستلقي فوقي ويقلع بدلة نومي ويضع يداه علي ويدخل ذكره بين فخذاي شيئاً فشيئاً وهو يغمغم بهدوء. ولا ينطق بكلمة وأظل أنا صامتة أيضاً. في المرة الأولى أدخل يده في شعري وقال لي أن لا أخاف. قال أني يجب أن أنزف في المرة الأولى ولكني لم أنزف منذ الوهلة الأولى. ولهذا واصل أحمد وهو يدفع ذكره بقوة أكبر وكان ذلك مؤلماً جداً. كان ينظر من وقت لآخر ليعرف ماإذا كنت نزفت أم لا. وعندما يرى أني لم أنزف يزيد قوته أكثر فأكثر. كنت أحبس دموعي وعيناي مغلقتان. وعندما ظهرت بقع من الدم بدا عليه الرضا. واصل للحظة وأحسست بسائل ساخن لزج يسيل من بين فخذي. لم أعد عذراء، لدي زوج الأن. ولكن لم تكن الحياة كما في فيلم مصري قديم بالأبيض والأسود.
بقي أحمد في المخيم لأربعة أو خمسة أشهر. كانت الأيام تتشابه. ثم حملت أنا بطفل وسافر أحمد إلى تركيا بعد نقاش حاد مع أبي. كانت أمي سعيدة بحملي وأهتمت بي كثيراً ومنعتني من أذهب للبحث عن الماء أو أن أحمل أشياء ثقيلة. كنت أستغل ذلك لمشاهدة التلفاز. لم يكن شيء ليوقفني عندما تمر الأفلام والمسلسلات الهندية على التلفاز. كان أحمد يتصل دائماً بتركيا وينفعل في كل اتصال. ومن ثم غادر أحمد بدون كلمة ولا حضن. وعد أحمد أبي بأن يعود قبل أن يولد الطفل وأنه سيستقر هنا.
أنا ماسة، عمري ١٦ عاماً. وضعت طفلاً خلال الشهر الماضي. طفل جميل جداً. رجع زوجي قبل أن ألد بفترة بسيطة. تغير كثيراً. لم يتغير ذقنه أو شعره. ولكن عيناه وتصرفاته. أصبح أنحف مما سبق وأصبح عصبي جداً. لم يعد يحترم أبي كما في السابق. كانا يتشاجران كل الوقت ويصرخان في وجهي بعضيهما من ثم يخرج أحمد من الخيمة ويدخن سيجارة ويختفي ولا يرجع إلا في منتصف الليل. عند عودته تفوح منه رائحة الكحول أو رائحة قذرة جداً. كان يستلقي ويدفعني ثم ينام حتى وقت متأخر في الليل. حزنت أمي كثيراً. ولكني لم أتفوه بكلمة. لم يكن يعاشرني إلا قليلاً وعندما يعاشرني يقول لي أني لا أساوي نساء تركيا ولكني زوجته. لم أكن أريد معاشرته لأني كنت خائفة على الطفل ولأن ذلك لم يكن ممتعاً مع بطني الكبير ولكنه كان دائماً ما يقول أني زوجته وأن لاشيء سيحدث لي وأنا معه. قال أن اسم الطفل سيكون حسن على اسم والده. قال أنه سيكون ولد. غادرنا أحمد قبل وضوعي بأيام. قال أنه سيعود لتعميد الولد وأننا سوف نرافقه إلى تركيا وأن حياتي ستصبح أجمل هناك.
أنا ماسة، بلغت الثلاثين اليوم. لا أدري لماذا قررت ترتيب بعض الأشياء القديمة الموجودة في خزانة حجرتي منذ أعوام. ووجدت من بينها هذه الكراسة التي كنت أكتب عليها في الماضي. كنت أكتب وأنا مليئة بالاحاسيس. كنت أكتب بصورة جميلة ولكني توقفت بعد أن وضعت طفلتي. كنت مشغولة جداً بأبنتي الجميلة. أحمد لم يرجع أبداً. وأنا نسيته تماماً. عدنا لدمشق بعد ذلك وأستقرينا في شقة صغيرة بعيداً عن وسط المدينة والسوق. لم يستطع أبي أن يسترجع ابتسامته. توفي أبي. لا أعرف ماهو سبب وفاته. التعب أم الحزن. كبرت إبنتي الجميلة. بقيت مع أمي. تزوجت أختي الصغيرة وغادرت. كان ذلك جيداً. نحضر أنا وأمي الحلوة. ما زالت كعكات أمي هي الألذ. تصلنا طلبات كثيرة من الافراح والمناسبات السعيدة. لم يعد نظر أمي جيداً، ولكن لا مشكلة فأنا معها دائماً. كان من الجميل أن أكتب في هذه الكراسة من وقت لآخر. ولكن لم يعد لدي رغبة في ذلك الأن. لم يعد هناك رجل في سوريا ولا في العالم يريد الزواج بي. فأنا أم وأعيش مع أمي وأبنتي. لهذا سأبقى هنا. وأنا بحالة جيدة هكذا. لا أتذكر حياتي السابقة في سوريا جيداً. ولكن أتذكر المخيم وكل تلك التنقلات التي قمنا بها. ولهذا أقول أن حالنا اليوم جيدة. وأن الوضع سيكون أفضل لأبنتي إن شاء الله. فهي جميلة ومميزة في المدرسة. سأتوقف عن الكتابة على كراستي. سأعطيها لأبنتي يوماً ما. ولنرى ما سيحدث بعدها.
ماسة موجودة، أنا قابلتها. كان ذلك في صباحاً ضبابي من صباحات يناير الماضي. كان الجو بارد جداً. لف كل طفل نفسه بملابس البرد ووضع كل واحد منهم قبعة على رأسه وأنا كذلك. جلس الأطفال في صف دراسي الذي كان عبارة عن حاوية طولها ١٤ متراً على حافة هذا المخيم المليء بالخيم في وادي بكة في لبنان. كان هؤلاء الأطفال محظوظين لقدرتهم على متابعة صفوف تعليم الكتاب والقراءة والرسم والغناء في كل صباح. كنت موجود هناك لبضع أيام. ماسة طفلة صغيرة ذات أربعة أعوام لديها نظرة متألقة وحيوية. تبنتني من الوهلة الأولى، حتى قبل أن أدرك ذلك. ابتسمت لي ببرائة ولوحت لي بيدها. جلست بجانبها في الصف ورددنا معاً حروف الأبجدية بالعربية وكنت فخوراً بأني تعلمت الحروف الابجدية في نفس الوقت الذي تعلمتها فيه هي. أخذتني من يدي ولم تتركها طوال الصباح. تركتها تتباني وتبعتها طوال الوقت. رسمت، رسمت نفسها ورسمتني. كان ذلك جميل جداً. ضحكنا كثيراً. بعمرها الصغير نطقت ببعض الكلمات وابتسمت ولوحت بيدها ولعبت قليلا ورسمة وكان ذلك كافياً لكل يمر الوقت بسرعة.
ماسة موجودة، عمرها أربعة أعوام. هذه القصة ليست قصتها. ليست كلها قصتها. هذه قصة ماسة آخرى تخيلتها. تشبهها قليلاً. هذه قصة كل اللاجئين بسبب الحروب حول العالم. هذه قصة حزينة ولكنها تحدث دائماً ولانستطيع القول أنها درامية أكثر من اللازم. ومن الممكن أن تكون هذه قصة ماسة إذا أستمر الحال على ما هو عليه
Traduit depuis le français par Tibri Ismaïl
I, Massah
Massah. 4 years old.
My name is Massah. I am 8 years old. School is over. This, is my secret diary. I write and I draw in it. The school is wrecked. We cannot go anymore. We don’t go there. I’m staying at home. The grown-ups talk all the time. Sometimes they scream. Mum says we’re going to leave soon. I do not quite understand, but if it’s like summer vacation, then that’s fine.
My name: Massah. My age: 10 years. What I prefer: playing football and Mum’s cakes. What I hate: when my father gets angry and sleeping under the tent when it’s cold. My favourite animal: the tiger. And also the white doves raised by Hamid. Most hated animal: the big rats that come to eat the food. My favourite colour: green. My best friend: Nura.
I turned 11 years old. Last week, there was a party for all the children who have their birthday this month. The people from the association did it, and it was great. There was plenty of candies, cakes, and balloons. We painted our faces, I was a tiger, of course. After, we danced and laughed a lot with those two strangers who took my hands and made me twist. Another night, Mum made pastries. Mum’s cakes are the best. She gave me a present: a big green scarf. It’s my favourite colour, and it’s beautiful. She showed me how to tie my hair, then put it around. She told me that from now on, I will wear it when I go out. I am so proud. I resemble the ladies of the camp, I’ve got a pretty scarf on my hair. When I go play football, it bothers me a little. Last time I took it off. When Mum saw me, back to the tent with nothing on my hair, she frowned. I told her that I had to remove it to play. She told me that I should never take it off when outside, she said “haram, haram…”, even for playing football. That, now that I grew up, I had to wear the headscarf on my hair, even to play football, that if not, I will not go to football anymore. I love football too much, so I promised Mum to wear it. And also, I’m proud to look like all the big girls in the camp, who have such pretty scarves. I just have my green scarf for now. I will have more later. My name is Massah.
I, Massah, I’m twelve years old and I bled today for the first time. I had a belly pain last night, but I did not say anything. I did not sleep well that night, but I did not say anything. I did not say anything this morning when I woke up, before everyone, I discovered my pyjamas were blood stained between my legs. I got up silently, I tried to rub the spot left on the mattress, laid on the floor, with a rag, wet with cold water pulled from the jerrycan outside. But it had already dried up. So I cleaned my pyjamas, got dressed and started heating water for the tea. Soon the rest of the family woke up. Mum, who gets up first and dresses behind the curtain without a word and joins me in the kitchen. She kisses my forehead. Then my father, who coughs and goes outside to pee. My little sister opens her eyes, turns around, and buries her head under the thin blanket. It’s cold in the tent. Often the stove stops in the night, not enough oil. Then in the morning it is as cold in as outside. And we smoke as soon as we open our mouths. My father does not open his mouth but is already smoking, coughing. My mother serves him tea. He does not look at her. He does not look at me either. My father, does not dare to look at his family for a long time now. He seems ashamed. Ashamed of ourselves. Ashamed of this tent. Ashamed of this life. Mom says not to pay attention. But I see it well. Since we’ve been here, my father is not the same anymore. I hardly dare talk to him. Asking him « Baba, tell me a story ! » like I was doing before. Because nothing is like before. Because before, he used to take me on his lap, to tickle my ribs and tell me a lot of stories. Stories he was making up. Or stories of his childhood, when I was asking him « how was it, when you were my age ? « . My father, he no longer smiles, hardly speaks anymore. He says he has forgotten, or he is tired. And I do not ask him anymore. After drinking tea, he leaves the tent, lighting another cigarette. When there is no work, he disappears like that, we do not know where, almost all day. And he only comes back for the evening meal. Sometimes I see him with the other dads, smoking shisha behind the tent of the shawish. Sometimes he is not there and I don’t know where he is. Mum says he’s at his business. But what business ?
When putting the mattress away, Mum saw the blood stain. She smiled. She turned back to me her eyes filled with tenderness. I was glad she did not get angry at me. Mum gets angry easily, especially since we’ve been here. She did not say anything. And the day is going on. An ordinary day.
That evening, dad returned earlier than usual. Mum serves him the meal. Often he eats first and then us, with my little sister and Mum. But tonight we all sit together, and Mum has prepared some good rice, even with a pastry for dessert. It’s not often that there is a dessert, we don’t always have sugar here. Something is happening. Tonight my father looks at me with pride. This evening Mum looks at me with tenderness. After dessert, a delicious cake from Mum, I serve tea. My father says: “sit down, ya Massah ». He stares at me, and he talks to me. I remember, that night, his voice was soft despite the cigarette. And the atmosphere was unusual, a little joyful, thanks to the good pastry of Mum. My sister was already under her blanket and was struggling not to fall asleep. “Massah, you’ve bled, mum tells me, it’s a big day. You are a woman now, says my father to me, not a little girl any more. I’m proud of you! Soon you will have a man and you will have children”. I’m not sure I understand well. I’m waiting for what’s next. But there is nothing next. A long silence. My parents look at each other with complicity.
It’s been so long since I had not seen my father’s eyes staring at my mother. Time is stretching. My father too, yawning. Then he speaks again, in a firmer voice. Now that I am “a woman”, there are things I must do, he says, and others that I must not do anymore. It’s a blow on my head. I do not realize it right away. I cannot go hang out in the camp anymore. I cannot see the boys anymore. « See” is not the right word, I must no longer speak to them, or even answer them, without my mother or father telling me to. School, football, football ? I startle. What ? I will not go anymore. It’s no longer of my age and my status as a woman. Now I have to learn how to become a good wife. I have to stay with Mum at the tent, help her in her tasks. Mum told me that soon I would prepare the meals better than her. So it’s like that ? I say nothing, stunned. So that’s how it was yesterday, back from class, I was playing football, carefree, without worrying about the boys’ silly laughter, and today, because of this ugly blood stain on the mattress, it’s over. But how is it related? I don’t understand. I feel guilty. I’m sad deep inside. But why did I bleed, why ? What does that mean ? My father beckons me to go to bed. I undress, shameful, slip under the blanket, turn my back to them and cry silently over my lost childhood.
I, Massah, I turned 14 this year. A lot has happened, so I want to write it down to remember. One evening, my father told me our story. Because I don’t remember of before. I remember the trip in the minibus, the arrival here. Here, it’s Lebanon, but it’s not very different from before, I think. Except that we have no more house, here we live in the tent in a camp, until the war is over and we can go home. My father told me. He returned there, but came back after a week or so. He says that over there, it’s not like before. Our apartment, the one we lived in, and all the others in the building, we cannot go back there anymore. A bomb probably fell on the building, it collapsed. My father says it’s too early to return to Syria, that we have to stay here for a while. That there is no work for him there. And also that there is still war in the neighbourhoods between people, and still no school. He came back, and we were all disappointed. He told me how it was before, the small apartment they rented with mom, my birth and my child’s room. That I started going to school, first to kindergarten, from where I was coming back home with drawings and songs. The one I sang all the time was « tik tik tik ya um Sleyman » and I was mimicking the gestures, laughing. When the war broke out in the neighbourhood, the schools closed, we could hardly get out because it was shooting everywhere. You could die like that, a bullet coming from who knows where, just while going to buy bread. Life had become impossible, so we left one morning very early, to settle here, in Lebanon, in the camp. That it was not a life as beautiful as before, but at least we are safe.
That evening too, after my little sister was asleep, Mum came to sit next to my father, and they announced my wedding. My father took a picture out of his inner pocket, and told me: “It’s him, his name is Ahmad. He is the son of one of your Mum’s cousin”. Mum looks happy. I find him beautiful on the photo. He has curly brown hair, a short beard and above all, blue eyes. My father told me that he was in Turkey now, with a part of his family, and that he was working there. But they spoke with his father, and everything is arranged. In a little while, the marriage will be pronounced and Ahmad will settle here. My father did not want to let me go to Turkey. We hung the picture on the wooden wall of the tent, above my mattress. I watched it for a long time that night before falling asleep, in the flickering light of the oil stove, while Mum and my father were still talking in a low voice. I dreamed of Ahmad that night, my beautiful husband, his blue eyes. I think that I will be happy with him and that I will be able to convince my father to let me go to Turkey with him.
I‘m 15 years old and my name is Massah. I’m married, but my blue-eyed husband left. After the winter, the sunny days came back and my husband with them. He arrived one morning with a bag of cloths, alone. Mum hugged him, saying he had grown so much that she could barely recognize him anymore. I recognized him at first sight. My father kissed him. The children of the camp came cooing like pigeons around a piece of bread, curious to know who the stranger was. He’s not a stranger, he’s my husband. Mum was crying softly, I stayed in the entrance of the tent. My marriage had been pronounced by the Imam a little earlier, and my husband had arrived. He was not as pretty as the picture, his beard was longer and he was shorter than in my dreams. But he must be tired of the trip, that’s why. He’s coming from far, from Turkey. My father lets him in. Ahmad greets me with a nod. I thought he would have hugged and kissed me, like in Indian or Egyptian films, when the music is racing and the lovers dance while spinning. Later, I guess. Men have to have tea and talk. I’m going to heat the water. My father and Ahmad sit, then other men come to sit with them. The leader of the camp is there. They speak with a smile. Mum is busy in the kitchen, she jostles me. Quick Massah, she tells me, go serve tea. Men smoke while sipping tea. Sometimes there are silences, sometimes bursts of laughter. I adjust my scarf, and put on my beautiful red jacket. When I bring the tray, I glance furtively at Ahmad. He is here, finally. Will he take me back with him in Turkey ? Mum calls me. We will prepare a big meal for the arrival of Ahmad and to celebrate the wedding. I have to go to the neighbours to ask for sugar, and rice. I bring the hummus a neighbour has just given us, with fresh bread. Ahmad looks at me, finally. He stares at me, scrutinize me, he seems satisfied, then he smiles at me. I’m so happy.
The day goes well, men eating, talking and drinking tea. The women in the kitchen, have prepared everything, constantly chuckling. Often they pinch me or wink at me. I do not like that, but do not say anything. When everyone left, Ahmad took a nap and snored softly. My father hung a large curtain across the bedroom, and put my mattress and my little sister’s behind the curtain. He told me it was my room now with Ahmad. Mum took me aside. She explains to me that tonight and the days after, I’ll sleep there with Ahmad, and that I should be a good wife, not be afraid of him, and do what he would say to me. I am not afraid, and I will be a good wife.
Ahmad stayed with us for several weeks. Most of the time he would go out with my father and come home with him. Sometimes he stayed near the tent, he looked bored. He had not cut his beard and his hair was dirty most of the time. In the camp it is not easy to wash. He still had his beautiful blue eyes of the photo. I was thinking about the movies I had seen, and with Ahmad, it was not really the same. He did not take me in his arms at night, stroking my face to watch the sun go down behind the mountain. But probably we do not do that kind of thing here. In the evening, I have to wait for him to sleep, or else he wakes me up. That’s when he kisses me a little. His beard stings and I feel he bites me more than kissing my lips. But I let him do it. He lies down naked on me and raises my pyjamas, with his hands on me he penetrates me, grumbling a little. He does not say anything, so me neither. Only the first time, he had passed his hand in my hair telling me not to be afraid. I had to bleed the first time, but it did not come right away. So Ahmad continued stronger, and it hurt me. He would watch from time to time if I was bleeding. Seeing nothing, he began to pick up louder and louder. I held back my tears, my eyes closed. When a few drops of blood appeared, he looked satisfied. He continued for a moment and I felt something hot and slimy flowing from my sex between my thighs. I was no longer a virgin, I had a husband. Life is not like an old Egyptian film in black and white.
Ahmad stayed 4 or 5 months in the camp. The days were similar. I got pregnant and Ahmad went back to Turkey. There had been discussions with my father. Mum was happy that I was pregnant, she took care of me as never, exempted me from fetching water or carrying too heavy loads. I took the opportunity to watch TV. When Indian movies or series went by, nothing could get me out of it. Ahmad was making calls all the time to Turkey and got upset. Then he left without a word or a caress for me, telling my father that he would come back before birth to settle here.
I, Massah, I’m sixteen. Last month my baby was born. He is so beautiful. My husband came back before birth. He had changed. Not his beard or his hair. But his eyes and his gestures. Leaner than before, and very nervous. He wasn’t showing the same respect for my father that when he came for the first time. Often they would quarrel and shout. Then he was going out of the tent, smoked a cigarette outside and disappeared, to return only in the middle of the night. He smelled strongly of alcohol and sometimes bad perfume. He was sleeping, pushing me and sleeping until late in the morning. Mum was sad. I did not say anything. Even when he was taking me, rarely, at night when he was coming home, and telling me that I was not worth the girls in Turkey but I was his wife. I did not want to, because I was afraid it would hurt the baby and it was not nice with my big belly, but he told me that I was his wife and nothing could happen to me with him. He said that we would call the child Hassan, like his father. It would be a boy. Ahmad left shortly before birth. He told me that he would come back to baptize his boy and that we would go back together to Turkey, and that my life would be much more beautiful there.
I, Massah, I’m 30 years old, right today. I don’t know why, today, I decided to tidy my old stuff, crammed at the back of my room’s closet for years. I find this notebook and what I wrote in there. I read it again with emotion. It was good the way I wrote. I stopped after birth, too busy with my baby. The child was born, she was a girl, Ahmad never returned. And I forgot. Later on, we returned to Damascus, settled in a small apartment a bit far from the centre and the market. My father never recovered his look and smile. He is dead. I don’t know from what. Tiredness. Or sadness. My daughter is growing up, she is beautiful. I stay with Mum. My little sister got married, she left. It’s good. We make pastries, with Mum. She still has a hand. We always have lots of orders, for weddings, parties. She does not see very well, but I’m here. It was nice to write like this, in the notebook from time to time. But I do not feel like it anymore. There is no more man in Syria, still less a man who would like me, a single mother with his mother and daughter. So I stay here. And it’s okay, we’re doing well. I do not remember well the life before, in Syria. I remember especially the camp, after all these moves. So, I tell myself that here, now it’s okay. And it will be better for my daughter, Insha’Allah. She’s beautiful, she’s brilliant at school. But I will not write on the notebook anymore. I may show it to my daughter someday, and give it to her. We’ll see.
Massah exists, I met her. It was a foggy morning of last January, it was cold. The children were wrapped up in their winter parkas with hats on their heads. So was I. In the class, arranged in a 14-inch container, on the edge of this small tent camp in the Bekaa Valley in Lebanon, children had the chance to come every morning, learning to read and write but also to draw and sing. I was there for a few days. Massah is a 4 year old girl with a sparkling and lively look. A child. She adopted me at first sight, even before I realized it. Smile, hand sign. I sit beside her on the little schoolboy bench, I make her repeat letters of the alphabet, proud to recognize and pronounce the Arabic letters at the same time as her. She took my hand, and did not to let it go for the whole morning. I let myself adopt, conquer. She draws. Draws herself. Draws me next. I melt, obviously. We laugh. At this age, a few awkward words of Arabic, a smile, hand signs, antics and drawings are enough to delight time.
Massah exists, she is 4 years old. This story is not hers. Not exactly. It’s the story of another Massah, a little imaginary, a little like her, not quite. That of war refugees from all over the world. It’s a sad story, but so banal, that it cannot be said to be dramatic. It may be hers, a little bit.
I’ll right away grasp y᧐ur rss feed as I can’t in finding your emаil subscriiption hyperlink or newsletter service.
Do you have any? Kindⅼy permit me know іn orrer
that I may subscribe. Thanks.