Make Palestine Great Again
Les coups d’éclats de Trump ont ceci d’intéressant, c’est qu’ils produisent parfois les effets inverses de ceux espérés. Souvenez-vous de la déclaration de sortie de l’accord de Paris sur le climat, qui a montré combien les Etats-Unis sont finalement isolés sur ce sujet. Peut-on espérer la même chose à propos d’Israël, du statut de Jérusalem et de l’espoir de voir enfin reconnu un état Palestinien ? Rien n’est moins sûr.
On dit que les États-Unis sont discrédités comme acteur du processus de paix Israélo-Palestinien. Mais quel processus de paix ? C’est une vaste mascarade et tout le monde le sait. La partie la plus dure est au pouvoir en Israël depuis bien des années et ne renoncera jamais à son projet expan-sioniste, soutenu par les États-Unis, tous présidents confondus depuis des décennies. Le processus de Paix Israëlo-Palestinien est une mascarade, tout le monde le sait Israël est le premier pays bénéficiaire de l’aide militaire américaine au monde ($3,8 milliards par an). Pendant ce temps, l’autorité Palestinienne reçoit environ $1 milliards par an d’aide du monde entier, fort mal dépensés sans doute, entre armement des factions combattantes et reconstructions d’hôpitaux, systématiquement bombardés par…Israël. Un cercle vicieux, sans fin. D’une part les gouvernements successifs Israëliens n’ont absolument aucun intérêt à établir un accord de paix, en pleine expansion coloniale et soutenus par les États-Unis, et d’autre part les autorités Palestiniennes sont gangrénées par des luttes de pouvoir intestines et fratricides, pendant que le peuple palestinien meurt peu à peu, où vit en exil dans des camps, soutenu à bout de bras par les millions de $ de l’UNRWA en Jordanie ou au Liban. Les États-Unis soutiennent Israël, les démocrates sous influence du lobby juif américain, les républicains dans la croyance la plus naïve des prophéties bibliques sans fondement historique du « peuple élu » et de sa « terre promise ». L’Europe est bien en peine à maintenir sa fragile unité et à lutter contre ses populismes, Brexit, Cataluniexit et consorts, elle fouette donc ses propres chats. La France éteint sa Tour Eiffel un jour sur deux et enterre Johnny en pompes nationales, M. Macron peut toujours « encourager publiquement son homologue Israélien à suspendre immédiatement tout projet de colonisation », autant pisser dans un violon et « make the planet great again », hein. Il reste qui ? Le monde arabe. Une union du monde arabe sans faille autour de la survie du peuple Palestinien, dont personne ne peut décemment nier le droit à vivre en paix sur ce territoire qu’il occupe depuis des siècles. Peine perdue ? Combat perdu d’avance ? Certes, le constat actuel n’est guère encourageant, tant le monde arabe est lui-même déchiré par les luttes et les conflits.
En attendant prenez le temps de lire cet article documenté et sérieux, paru dans le Monde Diplomatique en 2008 mais terriblement d’actualité, sur la construction de la notion de « peuple juif », par Shlomo Sand, historien Israélien, enseignant à l’université de Tel Aviv et primé pour son travail de recherche, qui précise que « contrairement à l’idée reçue, la diaspora ne naquit pas de l’expulsion des Hébreux de Palestine, mais de conversions successives en Afrique du Nord, en Europe du Sud et au Proche-Orient. »
D’ailleurs, quelques minutes de recherches vous confirmeront par différentes sources objectives le fait que « Moïse n’a pas pu faire sortir les Hébreux d’Égypte et les conduire vers la « terre promise » pour la bonne raison qu’à l’époque celle-ci… était aux mains des Égyptiens. On ne trouve d’ailleurs aucune trace d’une révolte d’esclaves dans l’empire des pharaons, ni d’une conquête rapide du pays de Canaan par un élément étranger. »
Selon l’historien Nadav Naaman, ce récit de l’Exode et de la conquête de Canaan constitue donc probablement une construction biblique littéraire et théologique qui évoque la perte du contrôle militaire égyptien en Canaan vécue comme une libération, la mémoire culturelle juive transférant cette situation par la mise en scène d’une sortie d’Égypte.
Pour aller plus loin:
- le dossier de Vox Everything you need to know about Israel-Palestine
- Sur les colonies Israéliennes en territoire Palestinien: Israeli settlements, explained in 8 minutes
- Comment fut inventé le peuple juif, dans le Monde Diplomatique